A l’heure où le numérique révolutionne nos pratiques quotidiennes, de nombreuses traces sont laissées dans le cyberespace. Ces traces numériques peuvent être définies comme « un ensemble d’informations, spatialisées ou non, laissées volontairement ou non par un individu » (Noucher, 2015). Les commentaires sur les réseaux sociaux sont un exemple de trace volontaire tandis que les données issues de la téléphonie mobile sont des traces numériques involontaires.
Quel que soit le type de traces, il apparaît qu’elles représentent par la masse de données potentiellement disponibles, une « rupture » dans la compréhension des dynamiques territoriales tant pour le gestionnaire, le citoyen ou le chercheur.
Du côté des gestionnaires des territoires, les perspectives offertes par cette « révolution numérique » ont séduit de nombreux acteurs, en particulier dans le champ de l’observation touristique. La société civile a aussi saisi l’opportunité qu’offrent les traces numériques soit pour médiatiser un évènement soit pour mettre en place des méthodes de collecte de données alimentant certains débats citoyens comme l’explosion du phénomène Airbnb dans les villes touristiques.
Dans le champ scientifique, les travaux interrogeant les relations entre les traces numériques et les territoires se sont multipliés ces dernières années notamment dans le domaine de la géographie et de l’aménagement du territoire dans la mesure où elles permettent de diversifier les sources de données très souvent dépendantes de sources institutionnelles telles que l’INSEE (recensement, enquêtes) tout en ouvrant la possibilité du « monitoring » en temps réel des territoires.
Cependant, ces dernières années, beaucoup de travaux mettent en garde sur les limites de ces dispositifs. C’est d’autant plus vrai que les méthodologies utilisées font souvent office de « boîtes noires » contrôlées par les opérateurs. De ce fait, certains auteurs questionnent les intentionnalités multiples et parfois contradictoires de ces données diffusées. Ils préconisent ainsi de recourir à des méthodes mixtes visant à compléter l’analyse des traces numériques par des dispositifs classiques tels que des enquêtes par questionnaire ou des entretiens selon une démarche réflexive.